Chalon-sur-Saône
Histoire Moderne
Ce sont les textes autobiographiques de Jean-Jacques Rousseau qui nous ont appris que ce type d’écrits est à lire avec un esprit critique aiguisé. De plus, si on considère que ses relations avec les autres ont toujours été définies en termes d’amis ou d’ennemis, on peut mesurer la difficulté, mais aussi l’intérêt d’entreprendre de raconter sa vie.
Jusqu’à 40 ans, le plus grand écrivain du 18ème siècle s’est lui-même considéré plutôt comme un musicien. On ne pourra donc pas faire l’impasse sur cet aspect fondamental de sa carrière. De même que l’abondance des portraits qu’on possède nous invite à réfléchir sur l’importance de l’image qu’il veut donner de lui à ses contemporains et laisser à la postérité.
Nous suivrons certes la chronologie pour relater les différents épisodes de la biographie de Jean-Jacques. Mais nous ferons subir à notre patient six examens à des moments clés de sa vie, afin de jeter un éclairage particulier à chaque fois sur une des facettes de sa personnalité.
Ainsi, le ‘cas Rousseau’ sera étudié dans son rapport avec les femmes quand nous évoquerons sa rencontre avec la jeune lingère Thérèse Levasseur en 1745. Nous n’éluderons pas le problème posé par l’abandon de ses enfants, et nous serons témoins de la haine qu’il a suscitée, notamment chez certaines féministes.
Sa passion pour la musique sera principalement traitée au moment de la Querelle des Bouffons (1752). Son opposition avec le grand musicien d’alors, Jean-Philippe Rameau, permettra de préciser l’originalité de son apport à l’histoire de la musique.
L’année terrible, 1762, voit la publication du Contrat social et de L’Emile. Nous exposerons les conditions dans lesquelles ces deux ouvrages majeurs ont été publiés. C’est l’auteur Rousseau qui sera alors observé.
Le quatrième examen sera pratiqué au sujet des années 1764-65, et concernera les rapports difficiles de Jean-Jacques avec ses pairs philosophes. Nous apprécierons au passage le courage de Voltaire, qui, dans une note anonyme, engage les ministres de Genève « à réduire la canaille au silence en faisant connaître les endroits blasphématoires et séditieux » du livre que Jean-Jacques vient de faire paraître (Les Lettres de la montagne), et ensuite « à punir, non pas un livre qu’on ne peut punir, mais un coquin digne des châtiments les plus sévères ».
En 1770, Rousseau lit Les Confessions dans les Salons ; ce qui nous donnera l’occasion de nous pencher sur les mystères de sa vie intérieure. L’autobiographie ne concerne pas uniquement les œuvres rassemblées sous cet intitulé, soit Les Confessions, Les Rêveries du promeneur solitaire et les Dialogues (Rousseau juge de Jean-Jacques).
Enfin nous laisserons la parole aux médecins pour l’examen ultime, l’année de la mort (1778) : ils nous donneront leur opinion sur les maladies de Jean-Jacques.
L’expression ‘le cas Rousseau’ prendra alors tout son sens.