Chalon-sur-Saône
Histoire Contemporaine
"Cette conférence dévoile à travers un historique du déroulement du chantier et une « visite » du bateau, que l’Hermione navire du patrimoine est aussi un navire de mer « moderne », bien différent de « l’identique à celle de La Fayette », dont nous ont abreuvé les médias. Cela n’empêche pas sa reconstruction et le navire actuel d’être remarquables et leur découverte de constituer un thème passionnant."
Préalablement à l’épopée de la réédition, à l’été 2015, du voyage en Amérique (il n’y avait évidemment pas d’Etats Unis !) de l’Hermione qui y conduisit La Fayette, largement commentée par les média en son temps, la reconstruction de la frégate a constitué une remarquable aventure associative (sous l’égide de l’association Hermione – La Fayette) et industrielle.
C’est de cet aspect des choses qu’était venu nous entretenir notre conférencier. Naissance de l’idée de ressusciter le navire, pour d’abord en faire un complément de l’attractivité touristique de la magnifique corderie de l’Arsenal royal de Rochefort, projet, qui s’y est rapidement ajouté, de compléter la chose par une traversée de l’Atlantique, recherche des plans de la frégate, mise en place du financement des travaux (budget total de 40 millions d’euros, dont 26, spécifiquement destinés à la construction du bateau), incluant l’apport original des recettes d’un « chantier – spectacle » (4 200 000 visiteurs), choix d’un constructeur, qui ne sera pas le chantier naval « bois » que l’on aurait attendu, mais une entreprise spécialisée dans la charpente historique...
Nous avons pu ensuite suivre la progression du travail, marqué par les deux grands évènements qu’ont été la mise à l’eau de la coque, le 6 juillet 2012, et la première sortie à la mer du navire, le 7 septembre 2014.
L’Hermione de 2015 n’est évidemment pas « identique » à celle de La Fayette, comme l’ont abondamment proclamé les journalistes. Nous en avons, au contraire, découvert les différences, tant dans certains des matériaux utilisés pour la reconstruction, que dans certains des processus mis en œuvre. Les arbitrages effectués entre l’ancien et le moderne, ont eu pour ligne directrice de rester aussi fidèle que possible aux origines, sauf lorsqu’elles risquaient de mettre en cause la sécurité ou contrevenaient à des règlements actuels. Il en est résulté un navire dont les formes et le gréement peuvent être garantis fidèles à 95%, à ceux de l’Hermione originelle, mais qui en diffère aussi et qui est notamment plus solide qu’elle et, bien sûr, adapté à la navigation telle qu’elle se pratique aujourd’hui.
Etre autorisé à traverser l’océan n’était envisageable en 2015, qu’après obtention d’une certification Veritas (certificat national de franc bord), attestant d’une construction optimale, et d’un agrément des affaires maritimes (certificat d’aptitude à la navigation), garantissant le respect des règlements applicables en la matière aux navires actuels. Cela impliquait la présence de moteurs, d’installations-vie modernes pour l’équipage, d’équipements de navigation contemporains (pas de radar, ni de de GPS chez La Fayette !) et, aussi, de moyens adéquats en matière de sécurité (incendie – voie d’eau – équipements individuels). Découvrir que sur l’Hermione de 2015, le stockage des radeaux de sauvetage se fait dans les anciennes cages à poules (où l’on en embarquait plusieurs dizaines, qui étaient consommées au fil du temps par les officiers et les malades) a eu un certain succès.
L’exposé s’est terminé par un aperçu du récent voyage de la frégate aux Amériques, avec un équipage aux deux tiers composé d’ « amateurs », et par l’évocation de son avenir. Propriété exclusive d’AHL (qui a donc la charge de l’entretenir et souhaite ardemment continuer à augmenter le nombre de ses adhérents) l’Hermione y sacrifiera à ses deux vocations initiales : être un navire du patrimoine, fleuron de l’attractivité touristique de Rochefort où elle va passer la plupart de son temps, mais aussi, avec une périodicité triennale, continuer à être un navire ambassadeur en effectuant de grandes navigations. La prochaine, prévue en 2018, devrait la conduire à nouveau aux Etats Unis, pour le tricentenaire de la Nouvelle Orléans, ou en Méditerranée, pour répondre aux sollicitations de nombreux ports français (Marseille, Toulon, St Tropez, Monaco) avec extensions probables à l’Espagne et l’Italie, et – pourquoi pas ? – au Maroc (Tanger). Elle sera dans l’immédiat à Saint Malo, du 1er au 8 juillet, et participera ensuite au grand rassemblement naval de Brest 2016, avant de revenir s’amarrer dans son bassin de Rochefort où elle sera à nouveau visitable.
Pour en savoir plus : www.hermione.com