Chalon-sur-Saône
Archéologie
Les guerres gauloises de César ont toujours passionné les historiens, parce qu’elles sont associées à une œuvre littéraire exceptionnelle, le De Bello Gallico, et aussi parce qu’on les a toujours considérées comme un événement fondateur de l’Histoire de France. Le repérage et l’étude des sites de bataille où s’est illustré Jules César est également fondatrice de l’archéologie gauloise, en raison de la grande enquête lancée sur le sujet par Louis-Napoléon Bonaparte dans les années 1860. Mais, curieusement, l’archéologie a ensuite longtemps négligé ce dossier, pour n’y revenir qu’à la fin du XXe siècle avec notamment de nouvelles fouilles de grande ampleur à Alésia.
Une autre période de crise militaire majeure a eu lieu quelques décennies avant les guerres césariennes, à la fin du IIe siècle avant notre ère. Désignées par les auteurs latins sous le nom de guerres cimbriques, elles ont causé un traumatisme durable chez les Romains, ce qui est bien compréhensible compte tenu de la violence du conflit : la bataille la plus meurtrière, qui s’est déroulée en 105 dans la région d’Orange, se serait soldée par plus de cent mille morts du côté romain. S’il ne faut pas accorder trop de valeur à ce chiffre étourdissant, il montre du moins la grande ampleur des pertes.
Curieusement, les archéologues n’ont que très récemment accordé de l’attention aux guerres cimbriques. Ils réalisent aujourd’hui qu’elles sont probablement à considérer comme le symptôme d’une crise de très grande ampleur à l’échelle du continent européen. Une explication du manque d’intérêt durable des archéologues pour le sujet réside sans doute dans le fait qu’on n’interroge le passé qu’en fonction des préoccupations d’aujourd’hui. Alors que la période de progrès économique des Trente Glorieuses n’avait que faire des anciennes périodes de crise, le basculement dans une ère de crise permanente depuis le début de notre siècle change en profondeur nos questionnements.
L’exposé sera construit à partir des matériaux d’une table-ronde internationale tenue à Bibracte en 2021, Continuités et discontinuités à la fin du IIe siècle avant notre ère dans l’espace celtique et à sa périphérie.