Chalon-sur-Saône
Littérature
Flammarion - 1976
Quand Jean Orieux nous fait découvrir La Fontaine, il nous entraîne dans les arcanes de ce tempérament : tâche difficile car La Fontaine est un être secret, qui ne dévoile qu'à contrecoeur ses sentiments. Le voici en disciple d'Epicure ; si l'on tourne la page, il est janséniste. Il est paresseux et s'en flatte ; penchons-nous sur les manuscrits qu'on a de lui : c'est un travail de bénédictin, Il raille les prêtres, le pape, adore la volupté ; or, il n'a jamais cessé d'être profondément religieux. Tantôt il flatte le roi pour ses conquêtes et le pousse à conquérir encore ; tantôt il exècre les conquérants et, en mainte occasion, fait l'éloge de la paix. Il chante la solitude et la simplicité rustiques, mais il se complaît dans les salons des duchesses. Il fait sa cour aux femmes les plus élégantes dans des poèmes d'une délicatesse inimitable, mais il aime fidèlement les gaillardises d'auberge et de bordel. Une douce gaieté baigne son oeuvre ; or, il est la proie d'une mélancolie profonde. Il faut en prendre son parti : La Fontaine est tout cela. "