Chalon-sur-Saône
Littérature
Fayard - 1988
Rien de plus romanesque que la vie de Mme de La Fayette, la dame de la rue de Vaugirard, où elle grandit, vécut et mourut dans des maisons construites par son père, dont elle hérita le sens des affaires. Promise à un brillant destin dans un Paris où les poètes la disent " incomparable " à dix-sept ans, elle doit bientôt s'exiler en province, en Anjou, puis en Auvergne, le pays de celui auquel on la marie précipitamment. On lui a volé sa jeunesse. Avant vingt ans, elle se défie de l'amour, " sentiment incommode ". Mais elle croit à l'amour tendre des romans de Mlle de Scudéry. Elle le file avec Ménage, un érudit qui se métamorphose, pour Mme de Sévigné, puis pour elle, en poète galant. Il en fait la " Madame Laure " de ses poèmes. Quand elle retrouve la capitale, à vingt-cinq ans, elle lui doit de n'avoir pas été oubliée. Elle lui doit aussi d'avoir pu écrire et publier, anonymement, un premier roman, La Princesse de Montpensier. Après douze années d'amour tendre, ce seront dix-sept ans d'une " liaison " intime avec La Rochefoucauld, fondée sur la " sympathie ", qui n'est pas moins singulière que l'aventure sentimentale vécue avec Ménage. C'est dans ce climat qu'est née La Princesse de Clèves, lancée par une campagne de presse exemplaire, la première qui ait entouré un roman, dont la comtesse refusera pourtant de se reconnaître l'auteur.