Chalon-sur-Saône
Littérature
Fayard - 1986
Née à la fin du règne d'Henri IV, morte à l'orée du siècle des Lumières, Mlle de Scudéry est contemporaine de Corneille; pourtant, à la fin de sa vie, elle a fréquenté le parrain de Voltaire, sans cesser d'être l'amie et la protégée de Mme de Maintenon. Ces contrastes sont caractéristiques de son existence, qui tente de concilier l'inconciliable: être cultivée à une époque où cela n'était pas une qualité pour les femmes, écrire toute une oeuvre littéraire mais sans la reconnaître officiellement pour sienne, ou avoir un salon sans être traitée de femme savante. Elle voyait l'amour platonique tel qu'il existe au Pays de Tendre et tel qu'elle l'a vécu avec Pellisson, non comme une mutilation mais comme une voie libératrice, à une époque où mariage signifiait contrainte pour la femme, éternelle mineure soumise à son mari et condamnée par l'Eglise, par la société et la pauvreté des moyens contraceptifs à des grossesses répétées. Auteur de grands succès de librairie traduits dans les principales langues européennes, en relations épistolaires avec la princesse de Brunswick ou Christine de Suède, lue par Mme de La Fayette et Bossuet, La Fontaine et Mme de Sévigné, Mlle de Scudéry fait éclater le cadre précieux auquel on l'associe souvent, mais dans lequel il n'est pas possible d'enfermer sa célébrité internationale.